Alors que l’allongement de la durée de travail fait débat en France, un dispositif méconnu permet à certains assurés de valider jusqu’à 5 années de retraite sans avoir à exercer d’activité professionnelle. Un droit encore largement ignoré, bien qu’il puisse faciliter grandement le départ à la retraite, notamment pour les personnes ayant connu des interruptions de carrière ou une fin de parcours difficile.
Le principe des trimestres assimilés : valider sa retraite sans travailler
Dans le système français, tous les trimestres pris en compte pour la retraite ne sont pas nécessairement liés à une activité professionnelle rémunérée. Il existe des trimestres dits “assimilés”, aussi appelés trimestres gratuits, qui correspondent à des périodes où l’on ne travaille pas, mais qui sont comptabilisées dans le calcul des droits à la retraite.
Ces périodes peuvent concerner :
- Un congé maternité ou adoption
- Un arrêt maladie ou accident du travail
- Un service militaire
- Une période de chômage indemnisé
- Et surtout : une période de chômage non indemnisé
Ce dernier cas est particulièrement intéressant puisqu’il ouvre droit à jusqu’à 20 trimestres assimilés, soit 5 années, sans cotisation ni emploi. Mais encore faut-il en remplir les conditions.
Le chômage non indemnisé : jusqu’à 5 ans validés sous conditions
La Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) précise que pour bénéficier de ces 20 trimestres de chômage non indemnisé, plusieurs critères stricts doivent être réunis :
- Être en fin de droits à l’assurance chômage
- Avoir au moins 55 ans au moment de l’arrêt des droits
- Avoir cotisé au minimum 20 ans (tous régimes de base confondus)
- La période de chômage non indemnisé doit suivre immédiatement une période indemnisée
- Avoir déjà connu au moins une période de chômage indemnisé dans sa carrière
- Ne pas avoir de droit ouvert auprès d’un nouveau régime d’assurance retraite
Lorsqu’elles sont réunies, ces conditions permettent d’éviter une décote et d’atteindre plus facilement le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein.
Les autres cas possibles et les limites du dispositif
Pour ceux qui ne remplissent pas tous les critères ci-dessus, il existe des cas plus restreints où quelques trimestres assimilés peuvent être validés :
| Situation | Nombre de trimestres assimilés possibles |
|---|---|
| 1ère période de chômage non indemnisé | Jusqu’à 6 trimestres (1 an et demi) |
| Chômage non indemnisé après 2011, moins de 20 ans de cotisation ou moins de 55 ans | Jusqu’à 4 trimestres |
| Chômage non indemnisé avant 2011, jamais indemnisé auparavant | Jusqu’à 4 trimestres |
À noter : ces trimestres n’ouvrent pas droit à une surcote, mais permettent d’éviter une décote liée à une durée de carrière insuffisante.
Un dispositif particulièrement utile aux femmes
Les interruptions de carrière liées à la parentalité, au travail à temps partiel ou à des périodes de chômage prolongé touchent particulièrement les femmes. D’après l’Insee, en 2021, 16 % des personnes âgées de 55 à 69 ans n’avaient ni emploi, ni retraite. À 61 ans, juste avant l’âge légal, ce chiffre grimpe à 28 %.
Les femmes y sont surreprésentées : entre 62 et 69 ans, elles sont presque deux fois plus nombreuses que les hommes à ne percevoir ni emploi ni pension (11 % contre 6 %). Ce dispositif de trimestres assimilés est donc un levier crucial pour réduire les inégalités à l’approche de la retraite.
Une opportunité souvent négligée malgré la réforme
Avant la réforme des retraites, cette règle des 20 trimestres facilitait un départ anticipé. Depuis le relèvement progressif de l’âge légal, le dispositif reste en place, mais il devient plus difficile d’en bénéficier sans planification préalable.
Il est donc essentiel de faire le point dès 55 ans sur ses droits, sa carrière et ses périodes de chômage pour évaluer l’impact potentiel de ces trimestres assimilés dans le calcul de la retraite.
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