Femme de lettres française qui, dans la correspondance qu’elle adressa à sa fille, fit la chronique spirituelle et sensible de la cour et des salons parisiens.
Petite-fille de Jeanne de Chantal, qui fonda l’ordre de la Visitation avec François de Sales, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, perdit son père en 1627, puis sa mère en 1633; elle fut donc élevée par ses deux oncles maternels, Philippe et Christophe de Coulanges. Elle reçut auprès d’eux une éducation riche et variée, fondée essentiellement, comme c’était souvent le cas à l’époque pour les filles, sur les belles-lettres et l’étude des langues.
À dix-huit ans, réputée tant par son esprit que par sa beauté, elle épousa Henri de Sévigné, de trois ans son aîné. Entre la Bretagne, où le marquis de Sévigné possédait plusieurs domaines, et Paris, le jeune couple passe pour avoir mené joyeuse vie, à en croire les témoignages de deux contemporains, Tallemant des Réaux et Bussy-Rabutin, cousin de la marquise. Mme de Sévigné fréquenta à Paris une société choisie, en particulier celle de l’hôtel de Rambouillet, où elle se lia d’amitié avec La Rochefoucauld, le cardinal de Retz ou encore Fouquet. En 1646, elle mit au monde une fille, Françoise-Marguerite, puis, en 1648, un garçon, peu avant de perdre son mari, qui fut tué lors d’un duel en 1651.
Dès lors, libérée de toute obligation de résider en Bretagne, Mme de Sévigné s’installa à Paris, où le pouvoir de séduction de son esprit lui attira de nombreuses et durables amitiés, comme celles de Mme de La Fayette, Jean Chapelain ou de Gilles Ménage. Malgré les diverses occasions qu’elle eut de se remarier, elle décida de se consacrer exclusivement à sa vie mondaine, d’une part, mais plus encore à l’éducation de ses enfants.
C’est en 1671 que se produisit l’événement qui devait, d’une certaine façon, décider de la carrière littéraire de Mme de Sévigné : sa fille Françoise-Marguerite, qu’elle chérissait par-dessus tout, s’était mariée deux ans plus tôt avec le comte de Grignan; cette année-là, elle partit rejoindre son époux en Provence. La séparation fut pour la marquise un véritable déchirement, mais lui donna l’occasion de rédiger cette célèbre correspondance, ininterrompue de 1671 à 1696, qui forme la quasi-totalité de ses écrits.
Les quelque 764 lettres adressées à Mme de Grignan qui nous sont parvenues — souvent remaniées et édulcorées par des éditeurs trop zélés — représentent un témoignage savoureux et varié, une observation alerte de son époque. Véritable chroniqueuse, Mme de Sévigné relate pour sa fille tous les événements marquants qui se sont produits à Paris : le mariage de la Grande Mademoiselle, l’arrestation de Fouquet, l’exécution de la Brinvilliers lors de l’affaire des Poisons, la mort d’Henriette d’Angleterre, etc. Elle lui adresse aussi des conseils pratiques et mondains, ainsi que des réflexions plus générales sur le temps, l’absence, la destinée humaine. Mais là n’est pas la finalité première des lettres, qui se proposent avant tout de réduire la distance avec l’être aimé par l’évocation des souvenirs communs et par l’expression spontanée du sentiment d’amour maternel. Le style de ces lettres, enfin, adopte le ton enjoué de la conversation mondaine : naturel autant qu’on pouvait l’être dans la fréquentation des salons, il ne doit que très peu aux ressources de la rhétorique, discipline que la marquise, en tant que femme, n’avait jamais apprise. Par leur inventivité, leur liberté de ton et leur originalité, les Lettres de la marquise de Sévigné constituent, sans que ce fût le moins du monde prémédité, l’une des œuvres les plus marquantes du XVIIe siècle français.
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