Deux fables d’Esope se trouvent à la base de cette pièce « Le Cochon et les Moutons » qui, à travers la version d’Aphthonios inspira fortement La Fontaine et « Le Cochon et le Renard ». Ces deux apologue ont été traduits précédemment par Névelet (en 1610). Une tradition remontant à Diogène Laërce prête au cochon l’aptitude à rester calme et à continuer à se nourrir dans les moments difficiles comme, par exemple, une tempête mettant à mal le navire sur lequel l’animal est monté.
Une chèvre, un mouton, avec un cochon gras,
Montés sur un même char, s’en allaient à la foire.
Leur divertissement ne les y portait pas ;
On s’en allait les vendre, à ce que dit l’histoire :
Le charton n’avait pas dessein
De les mener voir Tabarin.
Dom pourceau criait en chemin
Comme s’il avait eu cent bouchers à ses trousses.
C’était une clameur à rendre les gens sourds.
Les autres animaux, créatures plus douces,
Bonnes gens, s’étonnaient qu’il criât au secours;
Ils ne voyaient nul mal à craindre.
Le charton dit au porc :« Qu’as-tu tant à te plaindre ?
Tu nous étourdis tous : que ne te tiens-tu coi?
Ces deux personnes-ci, plus honnêtes que toi,
Devraient t’apprendre à vivre ou du moins à te taire :
Regarde ce mouton, a-t-il dit un seul mot?
Il est sage. – Il est sot,
Repartit le cochon : s’il savait son affaire,
Il crierait, comme moi, du haut de son gosier;
Et cette autre personne honnête
Crierait tout du haut de sa tête.
Ils pensent qu’on les veut seulement décharger,
La chèvre de son lait, le mouton de sa laine:
Je ne sais pas s’ils ont raison ;
Mais quant à moi qui ne suis bon
Qu’à manger, ma mort est certaine.
Adieu mon toit et ma maison.»Dom pourceau raisonnait en subtil personnage.
Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain,
La plainte ni la peur ne changent le destin
Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.
Montés sur un même char, s’en allaient à la foire.
Leur divertissement ne les y portait pas ;
On s’en allait les vendre, à ce que dit l’histoire :
Le charton n’avait pas dessein
De les mener voir Tabarin.
Dom pourceau criait en chemin
Comme s’il avait eu cent bouchers à ses trousses.
C’était une clameur à rendre les gens sourds.
Les autres animaux, créatures plus douces,
Bonnes gens, s’étonnaient qu’il criât au secours;
Ils ne voyaient nul mal à craindre.
Le charton dit au porc :« Qu’as-tu tant à te plaindre ?
Tu nous étourdis tous : que ne te tiens-tu coi?
Ces deux personnes-ci, plus honnêtes que toi,
Devraient t’apprendre à vivre ou du moins à te taire :
Regarde ce mouton, a-t-il dit un seul mot?
Il est sage. – Il est sot,
Repartit le cochon : s’il savait son affaire,
Il crierait, comme moi, du haut de son gosier;
Et cette autre personne honnête
Crierait tout du haut de sa tête.
Ils pensent qu’on les veut seulement décharger,
La chèvre de son lait, le mouton de sa laine:
Je ne sais pas s’ils ont raison ;
Mais quant à moi qui ne suis bon
Qu’à manger, ma mort est certaine.
Adieu mon toit et ma maison.»Dom pourceau raisonnait en subtil personnage.
Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain,
La plainte ni la peur ne changent le destin
Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.
Charton: ancien mot pour celui qui mène une charrette.
Tabarin: célèbre bateleur, comédien et auteur de théâtre de foire qui se produisait régulièrement sur le Pont-Neuf ou la place Dauphine. Il était fréquemment accompagné par un vendeur d’onguents appelé Mondor. Son nom restera associé, par antonomase à l’appellation de ‘bateleur’.
Dom: titre donné à certains abbés ; ici le mot est employé ironiquement.
Que lui servait-il ?,: A quoi lui servait-il ?
La plainte ni la peur…: A comparer avec le « Fit-il pas mieux que de se plaindre ? » ( Le Renard et les raisins ).