Nicolas de Chamfort

Moraliste français, d’une tragique lucidité,  qui fut un républicain de la première heure. Né en Auvergne, probablement fils naturel de Jacqueline de Montrodeix et de son chanoine, il fut déclaré de parents inconnus et adopté par François Nicolas et sa femme. Sébastien Roch Nicolas fut envoyé à Paris vers l’âge de dix ans pour fréquenter le collège, où, quoique peu discipliné, il remporta de nombreux prix. Il refusa de devenir homme d’Église et commença une longue carrière de mercenaire des lettres (sous le nom de Nicolas de Chamfort), après des voyages en Belgique et en Allemagne. Ses premiers textes, parmi lesquels figure une comédie satirique (la Jeune Indienne, 1764) lui valurent, en même temps que des accusations d’immoralité, un vif succès littéraire: il collabora au Journal encyclopédique, fréquenta l’aristocratie et le monde des lettres, reçut plusieurs prix et devint secrétaire des commandements de Condé (qu’il quitta en 1777). Après avoir été élu à l’Académie française en 1782, il se retira à la campagne, puis reçut, en 1786, une pension royale (il devint alors secrétaire de la sœur du roi). À la suite de Mirabeau, pour qui il rédigea plusieurs textes, il prêcha la démocratie, puis fonda la Société de 1789. En 1792, il fut nommé, avec Carra, à la direction de la Bibliothèque nationale. Malgré son enthousiasme pour la Révolution, et en raison de son hostilité à la Terreur, il fut plusieurs fois emprisonné, et se suicida, laissant des «petits carrés de papier» qui firent sa gloire: les Maximes et pensées, caractères et anecdotes, qui furent publiées après sa mort en l’an II de la République, puis en 1803, sont le témoignage impitoyable de la fin d’un monde. Des confessions déguisées révèlent, en même temps que la tristesse et la misanthropie de leur auteur, sa foi dans l’intelligence, seul refuge de l’homme.

Lire l’Eloge de La Fontaine.