L’ Homme et la Puce (Livre VIII – Fable 5)

Chez Esope (dans sa fable « Pulex »), l’homme (« un sot » dit La Fontaine) est en fait un athlète importuné par une puce.
« L’Homme et la Puce » débute par une réflexion ironique sur l’amour-propre et l’égocentrisme des hommes. Le fabuliste dénonce la double attitude consistant d’une part à importuner les dieux pour des futilités et d’autre part à refuser de prendre en main ses propres petits problèmes.

Par des voeux importuns nous fatiguons les dieux,
Souvent pour des sujets même indignes des hommes:
Il semble que le Ciel sur tous tant que nous sommes
Soit obligé d’avoir incessamment les yeux,
Et que le plus petit de la race mortelle,
A chaque pas qu’il fait, à chaque bagatelle,
Doive intriguer l’Olympe et tous ses citoyens
Comme s’il s’agissait des Grecs et des Troyens.Un sot, par une puce eut l’épaule mordue;
Dans les plis de ses draps elle alla se loger.
«Hercule, se dit-il, tu devais bien purger
La terre de cette hydre au printemps revenue.
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n’en perdes la race afin de me venger? »
Pour tuer une puce, il voulait obliger
Ces dieux à lui prêter leur foudre et leur massue.

Intriguer : faire intervenir.

Des Grecs et ds Troyens: On se rappellera que, lors de la guerre de Troie, les dieux ont pris parti qui pour les Grecs qui pour les Troyens.

Hydre: Voir la fable précédente (« Le pouvoir des Fables »), note 3.

La foudre est un des attributs de Jupiter.

La massue, quant à elle, appartient à Hermès.