Le Cheval et l’Ane ( Livre VI – Fable 16)

Pour cette agréable fable, La Fontaine s’est inspiré d’Esope (« Le Cheval et l’Ane »). Le fabuliste grec voulait montrer la vanité d’imiter les riches mais aussi qu’il est préférable d’aimer la pauvreté. La Fontaine remplacera l’amour de la pauvreté par le sens de l’entraide dicté par la simple prévoyance. Plutarque reprendra cet apologue mais, chez lui, le Boeuf remplacera le Cheval tandis que le Chameau prendra la place de l’Ane.

En ce monde il se faut l’un l’autre secourir :
Si ton voisin vient à mourir,
C’est sur toi que le fardeau tombe.Un âne accompagnait un cheval peu courtois,
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre baudet si chargé qu’il succombe.
Il pria le cheval de l’aider quelque peu :
Autrement il mourrait devant qu’être à la ville.
«La prière, dit-il, n’en est pas incivile :
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.»
Le cheval refusa, fit une pétarade :
Tant qu’il vit sous le faix mourir son camarade,
Et reconnut qu’il avait tort.
Du baudet, en cette aventure,
On lui fit porter la voiture,
Et la peau par-dessus encor.

Courtois: à prendre ici dans le sens de « civil ».

Devant d’être: avant d’être.

La voiture: la charge de la voiture.