Epilogue (Livre VI – Fable 22)

Vous le savez : les meilleures choses trouvent toujours leur fin. Voici comment se termine le sixième livre des fables de La Fontaine. Nous retrouvons dans cet épilogue tout le portrait du fabuliste ainsi que l’idée qu’il se fait de son « ouvrage ». La Fontaine imite ici Phèdre qui termine un de ses livres par une petite note qu’il adresse à quelque interlocuteur. Le fabuliste parle à Damon, personnage probablement imaginaire (à moins qu’ il ne s’agisse de son ami Maucroix…
            Bornons ici cette carrière.
Les longs ouvrages me font peur.
Loin d’épuiser une matière,
On n’en doit prendre que la fleur.
Il s’en va temps que je reprenne
Un peu de forces et d’haleine,
Pour fournir à d’autres projets.
Amour, ce tyran de ma vie,
Veut que je change de sujets ;
Il faut contenter son envie.
Retournons à Psyché ; Damon, vous m’exhortez
A peindre ses malheurs et ses félicités.
J’y consens ; peut-être ma veine
En sa faveur s’échauffera.
Heureux si ce travail est la dernière peine
Que son époux me causera !

Les longs ouvrages me font peur: « Tout long éloge est un projet / Trop abondant pour ma lyre » (« Le Renard anglais » (livre XII, 23).

 

Il s’en va temps : il est déjà temps.

 

Amour, ce tyran de ma vie: A cette époque, La Fontaine travaillait à ses « Amours de Psyché et de Cupidon ».