Esope est une fois encore à la source de cette fable (« Le Loup et la vieille Femme »). Mais elle a été reprise par bien des auteurs dont un que nous rencontrons souvent, Guillaume Haudent.
Ce loup me remet en mémoire
Un de ses compagnons qui fut encor mieux pris:
Il y périt. Voici l’histoire:Un villageois avait à l’écart son logis.
Messer Loup attendait chape-chute à la porte;
Il avait vu sortir gibier de toute sorte,
Veaux de lait, agneaux et brebis
Régiments de dindons, enfin bonne provende.
Le larron commençait pourtant à s’ennuyer.
Il entend un enfant crier:
La mère aussitôt le gourmande,
Le menace, s’il ne se tait,
De le donner au loup. L’animal se tient prêt,
Remerciant les dieux d’une telle aventure,
Quand la mère, apaisant sa chère géniture,
Lui dit: « Ne criez point, s’il vient, nous le tuerons.
– Qu’est ceci? s’écria le mangeur de moutons:
Dire d’un, puis d’un autre! Est-ce ainsi que l’on traite
Les gens faits comme moi? me prend-on pour un sot?
Que quelque jour ce beau marmot
Vienne au bois cueillir la noisette!»
Comme il disait ces mots, on sort de la maison:
Un chien de cour l’arrête; épieux et fourche-fières
L’ajustent de toutes manières.
«Que veniez-vous chercher en ce lieu?» lui dit-on.
Aussitôt il conta l’affaire.
«Merci de moi! lui dit la mère;
Tu mangeras mon fils! l’ai-je fait à dessein
Qu’il assouvisse un jour ta faim?»
On assomma la pauvre bête.
Un manant lui coupa le pied droit et la tête:
Le seigneur du village à sa porte les mit;
Et ce dicton picard à l’entour fut écrit:«Biaux chires leups, n’écoutez mie
Mère tenchent chen fieux qui crie.»
Un de ses compagnons qui fut encor mieux pris:
Il y périt. Voici l’histoire:Un villageois avait à l’écart son logis.
Messer Loup attendait chape-chute à la porte;
Il avait vu sortir gibier de toute sorte,
Veaux de lait, agneaux et brebis
Régiments de dindons, enfin bonne provende.
Le larron commençait pourtant à s’ennuyer.
Il entend un enfant crier:
La mère aussitôt le gourmande,
Le menace, s’il ne se tait,
De le donner au loup. L’animal se tient prêt,
Remerciant les dieux d’une telle aventure,
Quand la mère, apaisant sa chère géniture,
Lui dit: « Ne criez point, s’il vient, nous le tuerons.
– Qu’est ceci? s’écria le mangeur de moutons:
Dire d’un, puis d’un autre! Est-ce ainsi que l’on traite
Les gens faits comme moi? me prend-on pour un sot?
Que quelque jour ce beau marmot
Vienne au bois cueillir la noisette!»
Comme il disait ces mots, on sort de la maison:
Un chien de cour l’arrête; épieux et fourche-fières
L’ajustent de toutes manières.
«Que veniez-vous chercher en ce lieu?» lui dit-on.
Aussitôt il conta l’affaire.
«Merci de moi! lui dit la mère;
Tu mangeras mon fils! l’ai-je fait à dessein
Qu’il assouvisse un jour ta faim?»
On assomma la pauvre bête.
Un manant lui coupa le pied droit et la tête:
Le seigneur du village à sa porte les mit;
Et ce dicton picard à l’entour fut écrit:«Biaux chires leups, n’écoutez mie
Mère tenchent chen fieux qui crie.»
Chape-chute: bonne aubaine
Dire d’un, puis d’un autre: Dire une chose, puis une autre
Chien de cour: Chien de garde
Fourche-fiers: Fourche ou croc à long manche et à dents de fer
L’ajustent: Le maltraitent
Lui coupa le pied droit: Usage de vénerie on fait les honneurs du pied au seigneur
Biaux chires…: Beaux sires-loups, n’écoutez pas
Mère tançant son fils qui crie.