La Fontaine a pris cette fable pour exemple dans « La vie d’Esope » « Le Phrygien leur fit changer de sentiment, en leur contant que les Loups et les Brebis ayant fait un traité de paix, celles-ci donnèrent leurs Chiens pour otages. Quand elles n’eurent plus de défense, les Loups les étranglèrent avec moins de peine qu’ils ne faisaient ». Cet apologue est repris d’Esope (« Le Loup et les Moutons »). De nombreux auteurs reprendront le thème (par exemple, l’auteur dit Anonyme, dans « Fable des brevis qui avertit de ne pas se fier aux trompeurs »). Démosthène, l’orateur athénien bien connu (384 – 322 avant J.-C.) aurait utilisé cette histoire pour convaincre ses concitoyens de ne pas le livrer à Alexandre avec neuf autres résistants.
Après mille ans et plus de guerre déclarée,
Les loups firent la paix avecque les brebis.
C’était apparemment le bien des deux partis:
Car, si les loups mangeaient mainte bête égarée,
Les bergers de leur peau se faisaient maints habits.
Jamais de liberté, ni pour les pâturages,
Ni d’autre part pour les carnages:
Ils ne pouvaient jouir qu’en tremblant de leurs biens.
La paix se conclut donc: on donne des otages:
Les loups leurs louveteaux; et les brebis leurs chiens.
L’échange en étant fait aux formes ordinaires,
Et réglé par des commissaires,
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats
Se virent loups parfaits et friands de tuerie,
Ils vous prennent le temps que dans la bergerie
Messieurs les Bergers n’étaient pas,
Etranglent la moitié des agneaux les plus gras,
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.
Ils avaient averti leurs gens secrètement.
Les chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement,
Furent étranglés en dormant:
Cela fut sitôt fait qu’à peine ils le sentirent.
Tout fut mis en morceaux; un seul n’en échappa. Nous pouvons conclure de là
Qu’il faut faire aux méchants guerre continuelle.
La paix est fort bonne de soi;
J’en conviens; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi?
Les loups firent la paix avecque les brebis.
C’était apparemment le bien des deux partis:
Car, si les loups mangeaient mainte bête égarée,
Les bergers de leur peau se faisaient maints habits.
Jamais de liberté, ni pour les pâturages,
Ni d’autre part pour les carnages:
Ils ne pouvaient jouir qu’en tremblant de leurs biens.
La paix se conclut donc: on donne des otages:
Les loups leurs louveteaux; et les brebis leurs chiens.
L’échange en étant fait aux formes ordinaires,
Et réglé par des commissaires,
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats
Se virent loups parfaits et friands de tuerie,
Ils vous prennent le temps que dans la bergerie
Messieurs les Bergers n’étaient pas,
Etranglent la moitié des agneaux les plus gras,
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.
Ils avaient averti leurs gens secrètement.
Les chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement,
Furent étranglés en dormant:
Cela fut sitôt fait qu’à peine ils le sentirent.
Tout fut mis en morceaux; un seul n’en échappa. Nous pouvons conclure de là
Qu’il faut faire aux méchants guerre continuelle.
La paix est fort bonne de soi;
J’en conviens; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi?
Avecque: Pour la versification une syllabe de plus est ainsi créée.
Aux: Selon les habitudes des formes ordinaires.
Louvats: Probablement un terme inventé par La Fontaine pour dire les louveteaux ; « lovat » est provençal).
Aux dents: Les emportent entre leurs dents.
Un seul: Pas un seul.