Maître des Eaux et Forêts

C’est en 1652, il a alors 31 ans, que La Fontaine devient Maître particulier des Eaux et Forêts du canton de Château-Thierry.
Il avait un rôle de surveillance et de contrôle. Une fois par semaine, il présidait l’audience où il jugeait souverainement. Il siégeait l’épée au côté, assisté d’autres officiers en robe.
Dans Les annales de la société historique et archéologique de Château-Thierry, on trouve un passage nommé « Les fonctions forestières de La Fontaine » (1904), où Maurice Henriet décrit parfaitement la charge qui était celle de La Fontaine:
« Le maître particulier avait également, dans ses attributions, la visite générale, tous les six mois, des forêts, bois et buissons, et des rivières; de ces visites il dressait des procès-verbaux. Il constatait les vents de futaies et de taillis, l’état, l’âge et la qualité des bois, l’état des fossés, bornes, chemins, etc.. En dehors de ces visites générales, il était astreint à de fréquentes tournées, devait surveiller les gardes, les riverains, marchands de bois, bûcherons, ouvriers et voituriers. Il informait des querelles, excès, meurtres et assassinats commis à l’occasion des Eaux et Forêts. Il avait une clé du coffre dans lequel était enfermé le marteau. Il cotait et paraphait les registres de la Maîtrise, et tenait le rôle des amendes, restitutions et confiscations. »
Jean devient maître triennal des eaux et Forêts le 27 Janvier 1652 exactement. Il ne succède pas à son père, comme on pourrait le penser, mais au mari de sa demi-soeur Anne de Jouy.
La Fontaine paya cette charge 1250 livres. Pour l’exercer, il était lui même rémunéré à hauteur de 375 livres par an.
Mais, en tant que maître des eaux et forets, il avait un certain nombre de droits et avantages: il recevait un tiers du produit de la vente du bois, il avait l’autorisation de mener paître ses troupeaux où bon lui semblait, il avait le droit de ramassage et de revente du bois mort, il pouvait chasser et pêcher sur l’ensemble de sa maîtrise, il pouvait commander des coupes de bois pour ses besoins personnels. Jean n’abusa pas de ces droits, mais il en usa néanmoins.
A la mort de son père, en 1658, Jean héritera de la charge de capitaine des Chasses qu’il n’exerça d’ailleurs jamais.
Il s’occupait donc de la chasse, des forêts, mais aussi, comme son titre l’indique, de tout le réseau hydrographique de sa maitrise. Il devait s’occuper « de l’état des pescheries, étangs, rivières, péages, passages, isles et atterrissements, et les baux et adjudications d’iceux. ».
Il était donc responsable de tout le réseau hydrographique, devait veiller au bon entretien des douves, des rivières, ruisseaux, étangs et mares, il faisait supprimer les barrages non autorisés, et jugeait les contrevenants. Mais, et ceci est moins connu, il était aussi responsable de la pêche et des poissons de rivières. Le maître des eaux et forets devait surveiller la pêche et la commercialisation du poisson,notamment à la période de carème où la religion interdisait la viande.
Il exerça cette charge, sans zèle excessif, plus ou moins sérieusement, pendant une bonne dizaine d’années. Les derniers papiers portant sa signature datent de 1671.
Je reviendrai plus tard, quand j’en aurai le temps, sur le détail de son travail, que je possède dans plusieurs ouvrages.