Les Sources des Fables

La table des sources indiquée dans ce document provient de l’ouvrage de René Radouant (Docteur es lettres, Professeur au Lycée Henri IV et à l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay aux Roses), dans son ouvrage sur les fables de La Fontaine, édition de 1929.

 

Voici ce qu’il expose à propos des sources précisées: «Cette recherche de sources exclut toute préoccupation d’érudition. Il ne s’agissait au surplus, ni de collectionner les rapprochements isolés qu’on peut faire dans le détail du style, ni encore moins de suivre à travers les âges l’évolution historique du sujet d’une fable donnée, mais de désigner les morceaux que La Fontaine a lus manifestement avant d’écrire et dont on doit trouver la trace sous sa plume».

…/… « En ce qui concerne le texte même de la source, pour les auteurs grecs, Esope, Babrius, Aphtonius, c’est à la traduction latine que La Fontaine, ne lisant pas le grec, a dû s’adresser. en ce qui concerne les fabulistes latins, leur texte latin…/… doit faire foi.»

Le Livre de chevet de La Fontaine a semblé être le Névelet. C’est une tradition chez les commentateurs de La Fontaine de penser qu’il a eu recours, pour trouver les fables dont il s’est inspiré, à un recueil très en vogue à l’époque très commode et très complet: Mythologia Aesopica Isaaci Nicolai Neveleti, Francfort, 1610. On y trouve, non seulement le texte d’Esope avec sa traduction en latin, le tout enrichi de gravures, mais la plupart des fabulistes. Une mine!!! Existe-t-il encore?? Je n’en sais rien, toujours est-il que, s’il existe toujours, j’aimerais bien le voir….

Les fabulistes cités ici, à titre de « sources » de la Fontaine sont:

Esope: Fabuliste grec (VII° VI° siècle avant JC). Personnage à demi-légendaire, esclave bègue et bossu. D’après Plutarque, il fut mis à mort par les Delphiens. Esope vivait à la cour du roi de Lydie et écrivit des fables en s’inspirant des contes orientaux avant que La Fontaine ne s’inspirât des siens. Esope offrit à La Fontaine des canevas brefs et simplets. En fait, il donna à La Fontaine l’idée et l’intrigue de la fableque celui-ci mettait ensuite en forme.

Phèdre: Ecrivain latin (15 av JC, 50 Ap JC). Il imita Esope dans ses 123 fables qui dotèrent la littérature latine d’un genre nouveau.

Faërne: Né à Crémone en 1520. Il composa sur l’ordre de Pie IV 100 fables en vers imitées d’Esope, pour la plupart écrites dans un latin très élégant.Parues en 1564, soit 2 ans après sa mort, elles jouirent d’une telle popularité que Charles Perrault en fit paraître à Londres, en 1718, une belle édition dont le titre était: Cent fables en latin et en français choisies des anciens auteurs, mises en vers par G. Faërne et traduites par Charles Perrault.

Verdizotti: Fabuliste italien (1530-1607). Comme Faërne, il publia 100 fables sous un titre analogue et qui traitent à peu près les mêmes sujets:Cento Favole Morali (1570). Il y a lieu de penser que c’est lui qui imita Faërne, et non le contraire. Il n’est pas impossible que La Fontaine s’en soit inspiré.

Abstémius:(ou Bévilacqua): Bibliothécaire du Duc d’Urbin (Fin du XV°, début du XVI°). Il écrit en prose latine 200 fables. Elles sont parfois assez bien tournées et La Fontaine y eut recours deplus en plus dans ses dernières fables (Livres 9 à 12).

Haudent: Poète normand du milieu du XVI° Siècle. Il a imité en vers, et d’assez près, toutes les fables d’Esope, au point d’en donner autant de versions différentes qu’il y a de versions différentes dans le texte original. « Trois cent soixante et six apologues d’Esope, très excellent philosophe, premièrement traduits en latin par plusieurs illustres auteurs, Laurens Valle, Erasme et d’autres, et nouvellement de latin en rythmes français par M.Guillaume Haudent », Rouen, 1547. Il est très vraisemblable que pour certaines fables, la Fontaine se soit inspiré de la version de Haudent

Flavius Avianus: (II° siècle) a écrit 42 fables, d’un style latin douteux et d’un style un peu emphasique: l’art de dire de fçon compliquée les choses même les plus simples.

Aphtonius d’Antioche: (II° siècle): utilisa certaines fables comme exercices de style.

Babrius, appelé aussi Gabrias par La Fontaine (III° siècle) A écrit un certain nombre de fables, masi qui ont été souvent égarées. Ses fables ont été déformées par un moine: Ignace qui les avait raccourcies en quatrains peu agréables à lire. La Fonyaine s’inspira peu de cet auteur, si ce n’est pour certains thèmes.

Gilles Corrozet a traduit un certain nombre de fables d’Esope. La Fontaine ne s’est que peu inspiré de lui, ni de Guillaume Guéroult qui avait égalment travaillé sur Esope. Seules quelques tournures de phrases peuvent être rapprochées.

Les fabulistes orientaux, connus de La Fontaine par les histoires racontées par bernier, grand voyageur, de retour des Indes en 1669. La Fontaine s’inspira notamment des fables de Pilpay, dont l’original était écrit en sanscrit. La Fontaine s’en procura un exemplaire traduit en français sous le titre « Les lumières canopiques » par Gaulmin. Quelques fables tirées d’ouvrages arabes ou hébreux ont également parfois inspiré La Fontaine.